La famille Prouveur-Vitoux de Lieu-St-Amand en mai 1940 à Bouchain
Témoignages des frères André et Michel PROUVEUR recueillis par Jean-Pierre MERESSE en septembre 2022 juste avant le décès d'André le 4 octobre à l'âge de 88 ans.
Récit de l'une des sœurs Bernardines évacuées à Bouchain entre le 19 et le 27 mai 1940.
Le contexte historique à Bouchain
En mai 1940, le 45è Régiment d'Infanterie y résistera 8 jours face à l'armée allemande.
Le 45° RI a pris position pour défendre la ligne de front délimitée par l'Escaut et la Sensée. Le 20 mai 1940 la vieille ville se retrouve sous un déluge de feu et d'acier. Malgré l'encerclement total de la ville les hommes du 45° RI résistent. Après plusieurs jours de combat et au prix de lourdes pertes, le 26 mai la ville capitule.
Le 2 juin 1940, Hitler intrigué par la resistance de la ville de Bouchain se rendra sur les lieux de la bataille pour tenter de comprendre ce qui a pu mettre en échec ses troupes plusieurs jours durant.
Photo de gauche: Le véhicule d'Hitler franchissant l'Escaut à Bouchain le 2 juin 1940 sur un pont provisoire puisque le pont Laurent avait été détruit le 20 mai.
Photo de droite: Adolf Hitler et le général Walter Heitz dans une rue de Bouchain le même jour.
(Documents conservés par les Amis de Bouchain et de son musée).
La famille Prouveur-Vitoux
En mai 1940, la famille Prouveur-Vitoux habitait 19 avenue de Bouchain à Lieu-Saint-Amand.
Adolphine Vitoux (1901-1983) était mariée avec Marcel Prouveur (1898-1968) qui fut adjoint au maire et maire intérimaire de Lieu-St-Amand en 1943 et qui a donné son nom à une rue du village. Le couple a eu 6 enfants : Marcel, Paul, Céline, Thérèse, André et Michel. Deux de leurs fils André et Michel furent également membres du conseil municipal.
André, adjoint au maire de 1971 à 1977. Michel au conseil municipal de 1989 à 2014 dont 3 mandats comme adjoint au maire.
Le départ du père vers la Normandie
Sachant que les troupes allemandes arrivaient de Belgique, Marcel Prouveur part évacuer en vélo à La Ferrière-Aux-Etangs en Normandie pour éviter d'être envoyé en Allemagne. Il a travaillé dans les mines de fer de La Ferrière-Aux-Etangs comme chef comptable (poste qu'il occupait déjà à la Société des forges et aciéries de Denain-Anzin devenue USINOR en 1948).Les mines de fer de La Ferrière-Aux-Etangs fournissaient les forges et aciéries de Denain-Anzin à cette époque.
Le départ de la famille (mère et enfants) vers Bouchain
Dès le 19 mai, les autres membres de la famille ont cherché à évacuer au delà de Bouchain mais Marcel, le fils ainé blessé à une jambe, les a ralentis dans leur fuite, Arrivés à Bouchain, ils se sont réfugiés chez une tante (Valentine Vitoux) place Timothée Trimm.
La rencontre entre la famille Prouveur-Vitoux et les sœurs Bernardines à l'hospice
Le 20 mai, juste avant que les français ne fassent sauter le pont Laurent qui enjambe le canal de l'Escaut, la famille Prouveur quitte la place Timothée Trimm pour rejoindre l'hospice Dronsart (coté allemand) où se trouvaient les sœurs Bernardines, pour y subir pendant 8 jours la bataille de Bouchain.
Les sœurs Bernardines évacuées à l'hospice de Bouchain
La communauté des Bernardines françaises résidait au couvent d'Audregnies près de Quiévrain en Belgique. Les origines du bâtiment remontent à 1904, année au cours de laquelle une communauté de Bernardines françaises s'y établit et y exploita un pensionnat pour Jeunes Filles,
Le groupe de sœurs dû s'éxiler en France suite à l'occupation de leur couvent. Les religieuses espéraient se mettre à l'abri à l'hospice de Bouchain.
Dans son récit, la sœur Bernardine cite la famille Prouveur-Vitoux
Extrait du 23 mai 1940 : « la maman de la famille Prouveur-Vitoux de Bouchain : Adolphine Prouveur-Vitoux garde ses enfants : Marcel, un grand fils infirme de 15 ans, un autre de 13 ans Paul, une fillette Céline qui est bien raisonnable. Une petite fille Thérèse et un petit garçon André qui chantent ou crient. Un tout petit de 14 mois Michel est fort difficile ». Document conservé par Les Amis de Bouchain et de son Musée.
La famille fut très reconnaissante envers les sœurs Bernardines réfugiées à l'hospice. Elles sont intervenues auprès des allemands pour les dissuader d'envoyer en Allemagne Marcel et Paul les plus agés.
Retour de la famille Prouveur-Vitoux à Lieu-Saint-Amand
Dès la fin de la bataille, la famille quitte l'hospice pour évacuer chez une autre tante, Céline Carpentier, rue de l'église à Lieu-Saint-Amand, pendant une bonne partie de la guerre car les allemands occupaient leur habitation au 19 Avenue de Bouchain. Les allemands ont ensuite occupé le bois Leclerc juste en face (Etablissements Envain Matériaux actuellement).
Le pont Laurent détruit le 20 mai 1940 l'hospice Dronsart (1872) devenu EHPAD en 1983.
Le pont Laurent, du nom de l'ingénieur Pierre Joseph Laurent fondateur du canal de l'Escaut, est le pont qui relie la ville haute et la ville basse.
César Joseph Dronsart 1800-1853, docteur en médecine et philanthrope, Fils de Charles Dronsart, maire de Bouchain de 1803 à 1808. À son décès, le 23 juin 1853, un testament indiquait que son héritage devait servir aux indigents. Complété par des legs de la famille Corduant, il permit en 1869 d’entreprendre la construction du premier Hospice Dronsart et d’accueillir, dès 1872, les vieillards sans asile. (source La Voix du Nord)